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L'attention

15/6/14

 Lorsqu'une personne va voir son thérapeute, toute son attention est tournée vers lui. Il demande au thérapeute d'en faire autant. Tous les deux vont focaliser leur attention sur le patient, sur sa vie, sur ses difficultés, sur son histoire.

 

En bioanalyse, lorsque le patient va se retrouver en auto-hypnose, l'attention sera d'une autre nature. Le patient va lâcher l'attention première, celle qui nous permet d'être dans la vie quotidienne. Il va se laisser flotter, laisser venir et s'en aller les images et les sensations.

Un premier tri peut s'opérer alors, plus ou moins inconsciemment. Il est des images qui se présentent que la personne peut rejeter en refusant d'y prêter attention. Avec en arrière-fond, la pensée à peine formulée que « ça n'en vaut pas la peine », « on ne va pas me comprendre », « je ne veux pas avoir affaire à ça », etc. A ce stade, les images peuvent s'effacer si l'on refuse de s'y attarder.

Un autre tri peut s'opérer lorsque des expériences s'imposent et que le patient choisit de ne pas en parler. Lors de l'auto-hypnose, la personne est libre de parler en même temps, ou pas. Il est des expériences où la parole est impossible. Il est des expériences où la parole pourrait être possible, mais où la personne préfère se taire. Dans tous les cas, le fait de choisir de ne pas raconter ensuite au thérapeute ce qui s'est passé en soi est une façon de nier son importance. En excluant d'emblée l'hypothèse du manque de confiance envers le thérapeute, de la peur d'être jugé, le fait de ne pas raconter est un manque de confiance envers soi-même. C'est une façon de ne pas prêter attention aux messages de l'inconscient , une façon de refuser les soins du guérisseur intérieur.

Cela évoque l'attention que l'on peut prêter aux rêves, avec cette différence qu'il peut être difficile de se souvenir de ses rêves nocturnes. Il faut souvent faire un effort pour qu'ils ne s'effacent pas, trouver des « trucs », des méthodes comme les noter systématiquement même s'il ne s'agit que d'une vague impression, ne pas se lever trop vite mais rester dans le flottement du réveil, entre deux eaux, afin de tenter de ramener les fils oniriques dans la réalité diurne, etc. Cet effort est bien moindre en auto-hypnose, les images sont moins loin. Il est facile de se les remémorer au « réveil », et de les raconter. Mais ils ont cette similitude avec les rêves nocturnes que si on ne s'y arrête pas, si on ne les raconte pas, ils s'effacent. C'est alors un message qui est perdu, un message de l'inconscient qui nous cherche à nous faire aller mieux.

Il peut arriver que le message soit peu clair, y compris pour le thérapeute. N'oublions pas que l'inconscient dialogue avec nous par la voie (et la voix) symbolique, et que les symboles ne sont pas tous facilement décryptables. Il est toujours un peu frustrant de ne pas comprendre, on a vite tendance à penser que « ce n'est pas important ». Mais ce n'est pas parce que l'on a du mal à déchiffrer le message que le message n'a pas une teneur fondamentale. Parfois, ce que l'on n'a pas compris d'emblée s'éclaire un peu plus tard. Il est important de les noter, pour pouvoir y revenir. L'attention que l'on porte à ces expériences témoigne de l'intérêt que l'on porte à son inconscient, de la confiance que l'on a envers son guérisseur intérieur.

 

L'attention du thérapeute mérite aussi que l'on s'y arrête quelques instants. Lors des dialogues avec son patient, elle est bien sûr toute tournée vers lui. Elle l'est également pour le guider vers l'état d'auto-hypnose, puis elle devient plus flottante. Non pas que le thérapeute ne soit plus avec son patient, mais il se laisse dériver au fil de ce qu'il perçoit de l'expérience de celui-ci, il laisse jouer sa perception intuitive pour éventuellement pouvoir amener d'autres éléments au patient. Il est tout à l'écoute des paroles de la personne sur le tapis, et en même temps il laisse également des choses émerger en lui, des éléments qui sont là pour soutenir et étayer l'expérience du patient. Il n'est pas passif dans l'écoute, il accompagne en toute implication. Il est cependant moins loin dans la plongée en état de conscience modifiée, il surveille que la personne ne se mette pas en danger, il a un œil sur l'heure : sa vigilance se doit d'être mobilisable rapidement.

 

On voit donc que, pour le patient comme pour le thérapeute, l'attention est la clé. L'attention au patient, à ce qu'il vit, en auto-hypnose ou ailleurs. De la qualité de cette attention dépend la qualité de la thérapie.
 

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