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La bioanalyse est une approche humaniste

24/3/14

La psychologie humaniste s'est formée dans les années 1960 aux Etats-Unis, sous l'impulsion d'Abraham Maslow.

Pour lui, la première psychologie était la psychologie du comportement (le behaviorisme) de John Watson ou Skinner, la deuxième psychologie était la psychanalyse de Freud, la troisième la psychologie humaniste, et la quatrième la psychologie transpersonnelle.

La psychologie humaniste met la personne au cœur de son centre d'intérêt, et non ce qui peut avoir cours ailleurs, c'est-à-dire la maladie, les grands principes psychologiques écrits par tel ou tel auteur, la chimie du cerveau, l'influence des gênes, etc.

Elle s'appuie sur le fait qu'en chaque humain existe un potentiel personnel, une capacité à s'autodéterminer et à grandir, un élan qui le pousse à s'accomplir. Cet élan est parfois caché, aussi pour le retrouver, elle va le rechercher dansle vécu émotionnel, le ressenti des choses, du corps, et l'expérience. Elle implique l'engagement de la personne, sa responsabilité, mais n'oublie jamais sa liberté. Et, dernier principe fondamental, elle met la relation patient/thérapeute au premier plan, dans une optique d'alliance thérapeutique, c'est-à-dire une relation de personne à personne et non de celui-qui-sait à celui-qui-suit.

Stanislas Grof, que j'ai souvent cité ici, fait partie de ce courant. « Il convient de faire confiance en sa propre intelligence thérapeutique, à son propre guérisseur intérieur », écrit-il dans son ouvrage Nouvelles perspectives en psychiatrie psychologie psychothérapie. Ce guérisseur intérieur, cette énergie qui fait que, comme pouvait l'écrire Geneviève François, « il existerait un instinct de guérison qui oeuvrerait à la fois par le corps et par le psychisme », c'est bien sur lui que l'on s'appuie en bioanalyse férenczienne.

Car la bioanalyse férenczienne s'inscrit complètement dans ce courant humaniste.

La méthode est non-directive, parce que c'est le patient, en quelque sorte, qui donne son contenu à la séance. En auto-hypnose, il va « là où son guérisseur intérieur le guide » si j'ose dire ; les images ou sensations qui apparaissent sont là parce que ce sont celles-là dont il a besoin à ce moment précis pour progresser.

Chacun a en lui la possiblité de progresser, d'évoluer dans sa vie, de rejoindre son « Etre Profond » et de cheminer main dans la main avec lui. L'Etre Profond est celui qui sait, c'est la nature profonde de chacun, c'est celui qui n'a pas de doute et accomplit sa vie en toute liberté et sérénité. C'est notre petite « voix intérieure »

Il est toujours là, plus ou moins enfoui sous ce qu'on nous a inculqué enfant. Abraham Maslow disait que les hommes perdent facilement leurs voix intérieures : ils se laissent très aisément noyer par l'apprentissage, les attitudes culturelles, la désapprobation, etc.

Mais cette nature intérieure ne meurt jamais ; elle persiste, souterraine, inconsciente si elle est niée et réprimée. Cette force représente un aspect essentiel de la « volonté de santé » et c'est elle qui rend possible la psychothérapie.

C'est quelque chose qui est parfois difficilement entendable par le patient. Celui-ci vient souvent consulter pour avoir des réponses à ses questions, savoir que faire dans son couple, comment gérer une crise professionnelle, ou sortir d'une maladie, ou être plus heureux... Le fait que le thérapeute lui dise : « je n'ai pas la réponse à votre question » déstabilise souvent. « C'est vous qui l'avez », insiste le thérapeute. « Bah, se dit le patient, si je l'avais, je n'aurais pas besoin de venir voir un thérapeute ! »

En fait, le patient a les réponses en lui, mais a besoin du thérapeute pour les voir. Il s'agit bien là d'une « alliance thérapeutique » ; c'est dans l'association des deux savoirs que le chemin va pouvoir se dessiner.

En effet, le patient, quelle que soit sa détresse, a en lui les clés pour progresser. C'est lui seul qui les a. Mais elles sont enfouies, dans des poches insoupçonnées, et elles ne vont se révéler que grâce au travail corporel d'une part, et analytique d'autre part. Ces deux angles du travail bioanalytique ne pourraient se faire sans l'aide du thérapeute. Du point de vue corporel, le thérapeute est d'une part le guide vers la relaxation et la respiration holotropique, d'autre part le garant de l'intégrité physique du patient, du fait qu'il ne mette pas en danger quelles que soient les décharges et manifestations qui vont se révéler. Du point de vue analytique, l'éclairage d'une personne initiée aux rouages de l'inconscient peut aider à voir clair dans ce qui a pu se passer pendant le voyage en auto-hypnose, ou à décrypter les rêves.

Le thérapeute est comme un guide, mais un guide qui chemine « avec », pas « devant ».

 

 

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