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A propos du bonheur

9/10/13

   L'enfant construit l'image du bonheur à partir des contes de fées : après moult péripéties, le prince et la princesse "se marient et ont beaucoup d'enfants", selon la formule consacrée. L'histoire se termine avec l'arrivée du bonheur, et c'est l'amour qui l'apporte.
Bien sûr, le bonheur et l'amour sont indissociables, mais il est simpliste de résumer cela par l'amour d'un homme et d'une femme. Geneviève François pensait que le bonheur était quelque chose que l'être humain se créait à partir de sa foi dans la vie. "Le bonheur se nourrit de l'émerveillement d'être vivant", disait-elle. Et lorsque l'on éprouve cet amour de la vie, l'amour envers les autres en découle.

   La capacité à être heureux peut faire référence au concept de résilience, mis en lumière par Boris Cyrulnik. La résilience concerne la capacité de personnes ayant subi des traumatismes à restaurer leur désir de vivre et à transformer leurs souffrances en énergie créatrice. Cette résilience n'est possible qu'en s'étayant sur la relation avec un tiers qui nous écoute avec bienveillance, nous témoigne de l'affection, nous montre que l'on est quelqu'un qui a de la valeur. Cette relation permet à la personne de se sentir aimable et restaure son estime d'elle-même.
   Dans notre société, on nous a rarement appris à nous trouver aimables; il faut alors du temps avant que l'on devienne capable de s'aimer soi-même. L'amour pour soi n'est pas pas un amour égocentrique, c'est quelque chose qui pourrait s'apparenter à l'amour de la vie en soi. C'est pour apprendre à s'aimer que l'on entreprend une psychothérapie.

   Nous pouvons essayer de trouver une définition du bonheur. Il existe beaucoup d'images de ce bonheur qui agissent toutes comme des mirages vers lesquels nous courons.
Un de ces mirages est celui qui nous fait croire que si nous avions la vie plus facile, nous serions plus heureux. Mais il suffit de regarder autour de nous pour voir que ce n'est pas vrai; il existe tant de gens malheureux alors qu'ils ont "tout pour être heureux"... La vie "facile" ne suffit pas en soi pour assurer le bonheur.
Un autre mirage pourrait être illustré par la lampe magique d'Aladin : claquer dans les doigts pour que tout ce que l'on désire arrive par enchantement. Mais le bonheur ne réside pas dans le fait d'avoir tout ce que l'on désire. On peut même s'apercevoir, quand c'est le cas, qu'on s'ennuie rapidement à voir tous ses voeux exaucés. L'être humain est malheureux quand il n'a plus envie de rien : l'absence de désir enlève leur goût aux choses.
Le troisième leurre est la vie à deux. Quand on est seul, on rêve d'être à deux - mais quand on est en couple, on est souvent déçu. Si la vie à deux apporte des choses qui peuvent être douces et exaltantes, elle fait apparaître aussi toutes nos raideurs, nos incompréhensions, nos limites. Il est extrêmement difficile de rencontrer vraiment l'autre.
Le bonheur n'est pas non plus dans ce que l'on appelle la réussite. La célébrité traîne avec elle son extrême précarité. Au sommet de la gloire, le risque terrible est la chute. Le vent tourne, les lumières s'éteignent...
Enfin, le bonheur n'est pas dans la fuite : "Je ne m'occupe pas des autres, je mène ma petite vie tranquille." Tout ce à quoi nous essayons d'échapper se rappelle à nous de façon parfois cauchemardesque à travers les agressions de toutes sortes, la maladie, les injustices, les peines...

   Nous sommes fragiles, dépendants, inquiets, insatisfaits, parce que nous sommes trop souvent en décalage avec notre nature profonde. Nous sommes écartelés entre ce que nous somme et ce que nous voudrions être, entre ce que nous avons et ce que nous voudrions avoir - évidemment, nous ne pouvons pas être heureux. Le bonheur naît d'un accord profond entre ce que nous faisons et ce pourquoi nous le faisons? Nous devons trouver un sens à notre vie pour que nous puissions nous y sentir heureux. La principale condition du bonheur est un accord profond en nous-mêmes entre ce que nous vivons et le sens que nous lui donnons.
Le sens que nous donnons à ce que nous faisons doit être rattaché à ce que demande notre nature profonde. Cette nature profonde est décelable quand ce que nous faisons nous rend heureux. Le sentiment du bonheur est une conséquence de cet accord en nous entre l'acte et le sens.
Le bonheur n'est pas dans la course aux plaisirs extérieurs, mais dans la connexion à notre âme.

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