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Les émotions et la somatisation

25/4/13

Il est fondamental que l'émotion, lorsqu'elle survient, puisse s'exprimer, et s'exprimer jusqu'au bout, afin que l'individu reste en bonne santé.
Nombre d'entre nous ont dû apprendre, et ce dès le très jeune âge, à réprimer nos larmes ou nos colères. Il est fréquent d'entendre l'un ou l'autre parent dire à son enfant : "Ne pleure pas", voulant certainement signifier par là qu'il est embêté parce que l'enfant est triste. "Ne sois pas triste" serait sans doute plus correct au niveau de l'intention, mais ce que l'enfant entend, c'est qu'il n'a pas le droit de pleurer. Donc il réfrène ses pleurs. Cependant,  le chagrin demeure, bien sûr, et même bien plus que s'il l'avait laissé s'exprimer...
Le souci, c'est que quand l'émotion ne peut pas s'exprimer jusqu'au bout, le cerveau va décharger son trop-plein de tensions sur les organes.

Une somatisation est une projection sur le plan corporel des perturbations émotionnelles. L'organisme se comporte tel un miroir de l'âme : quand l'état émotionnel est secoué, c'est l'énergie de l'organe qui en pâtit.
En effet, toute émotion a une résonance sur nos organes. D'ailleurs, le langage populaire l'a bien compris, qui parle "d'avoir le coeur gros" (l'émotion du chagrin réduit la fréquence cardiaque et augmente parallèlement la stase veineuse, ce qui procure cette sensation de coeur lourd) ou "d'avoir une boule dans la gorge" ou à l'estomac (le stress libère un flots de neurotransmetteurs qui provoquent un spasme de l'oesophage).

On ne peut pas prédéterminer sur quel organe va se cristalliser le silence de nos émotions refoulées. J'entends ça et là des thérapeutes donner des diagnostics rapides du genre : "la vésicule biliaire, c'est la colère" - personnellement, je n'adhère pas (cela est du même ordre que d'isoler un symbole dans un rêve et de l'associer à une signification, sans rechercher la signification particulière pour le rêveur). Geneviève François de Jouvenel écrit que : "les transmissions "nerveuses"  entre le psychisme et le corps ne sont pas déterminées par une logique des organes, mais par une logique éminemment personnelle de gestion de nos émotions." (Geneviève François de Jouvenel ", Sàndor Ferenczi un psychanalyste humaniste")

Lorsque l'émotion est exprimée, l'énergie s'écoule. L'organe "porteur" revient à son état basal. Mais si l'émotion n'et pas déchargée, l'organe subit une stase de cette énergie, stase qui risque à moyen ou long terme de lui être néfaste.
Geneviève François de Jouvenel poursuit son propos ainsi :"[Les événements qui donnent naissance à des somatisations] ont un impact affectif qui entame l'intégrité physique et psychique de la personne sans que celle-ci comprenne ce qui lui arrive, car la violence de l'impact affectif d'un événement fait passer celui-ci immédiatement dans l'oubli. C'est cet oubli qui crée la détournement somatique."
La violence de l'événement traumatique et son oubli consécutif ont une incidence directe sur la santé physique et psychique de la personne. Le refoulement des émotions en relation avec cet événements est un des acteurs d'une possible somatisation.

Le corps a un langage. Lorsqu'il exprime que son équilibre est perturbé, il appelle à l'aide, en quelque sorte. La maladie est un SOS. Comme l'écrit Alice Miller :"[Le langage du corps] est l'expression authentique de notre vrai Moi". (Alice Miller, "Notre corps ne ment jamais") Notre vrai Moi est celui qui ressent les émotions, il n'est pas celui qui tente de les étouffer ou de les nier - cette instance-là est plutôt celle de l'entourage et de la société.

Il n'est pas dans mon intention de poser comme un postulat que toute maladie est une somatisation. Mon propos est plutôt d'insister sur l'observation que réfréner ses émotions peut avoir une incidence délétère sur notre santé psychique.

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