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Le système émotionnel

17/3/13

Le terme "émotion" vient du latin ex, "hors de", et motio, "mouvement".
Étymologiquement, émotion signifie donc "mouvement vers l'extérieur".
Elle est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes).
Elle a d'abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Elle est provoquée par la confrontation à une situation et à l'interprétation de la réalité.
Les émotions se traduisent par des réactions spécifiques : motrices (tonus musculaire, tremblements...), comportementales (incapacité de bouger, agitation, fuite, agression...), et physiologiques (pâleur, rougissement, accélération du pouls, palpitations, sensation de malaise...).
Ce que l'on appelle les "émotions de base" sont : la joie, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. Elles sont dites simples (ou primaires) parce qu'elles s'accompagnent d'expressions faciales ou gestuelles universelles quelle que soit l'empreinte de l'éducation et de la culture. Les émotions secondaires (ou complexes), par exemple la nostalgie, sont des mélanges des émotions de base.

Nous allons étudier ce qui se passe au niveau neurophysiologique lorsque l'émotion se met en branle :
Les émotions sont régies par le système limbique.
Selon Paul Mac Lean, le cerveau étant composé schématiquement de trois couches, les système limbique envelopperait le cerveau reptilien (intervenant dans la survie : manger, respirer, etc.) et aurait un rôle de conservation de l'espèce et de l'individu. La troisième couche du cerveau serait constituée par le néocortex et serait le siège de la pensée rationnelle.
On voit bien là que le système émotionnel (le "cerveau paléo-mammalien", ou système limbique) se situe entre notre côté animal, physique (le cerveau reptilien), et notre côté intellectuel (le cerveau néo-mammalien, ou néocortex).
L'émotion se situe entre le corps et l'esprit.

Les éléments du système limbique sont les suivants :
- L'amygdale : c'est le point de convergence de tous les messages sensoriels (visuels, auditifs, tactiles). Elle a un rôle crucial dans le contrôle des principaux états affectifs et dans l'expression de l'humeur, comme les comportements de peur, de rage, d'agressivité.
C'est le centre d'identification du danger.
Joseph Le Doux a particulièrement étudié les principales composantes de la peur, et démontré le rôle majeur joué par l'amygdale. Il existe deux importants circuits de la peur : un circuit court qui passe directement du thalamus à l'amygdale et un circuit long qui interpose le cortex entre le thalamus et l'amygdale.
Le Doux nous donne l'exemple d'un promeneur dans un bois, percevant via son thalamus, l'image floue d'un bâton qui pourrait s'avérer être un serpent. Le thalamus active l'amygdale qui enclenche à son tour les réactions corporelles de la peur. En outre, le thalamus envoie l'information au cortex visuel qui décrypte de façon détaillée l'image. S'il s'avère qu'il s'agit véritablement d'un serpent, le cortex visuel renforce la fonction amygdalienne, et les manifestations corporelles de la peur sont maintenues; la réaction de fuite ou de défense est mobilisée. A contrario, si le cortex visuel décode de façon précise l'image du bâton, il freine la fonction amygdalienne et toutes les expressions corporelles de la peur vont dès lors s'estomper. Au niveau de la survie de l'espèce, il vaut mieux prendre un bâton pour un serpent que subir le morsure d'un serpent identifié avec quelques millisecondes de retard.
La voie coure thalamus-amygdale permet ainsi d'assurer des réactions de survie, de fuite et de défense dans un délai très court au détriment d'informations floues; la voie longue thalamus-cortex-amygdale assure une perception précise du stimulus mais nécessite un prolongement du temps de réaction qui peut être fatal en cas de danger.

- L'hypothalamus : Il est le point de départ des manifestations végétatives (rythme cardiaque, respiration, digestion, etc.) qui accompagnent les réactions émotionnelles.
C'est lui qui garantit l'équilibre interne du corps, l'homéostasie. Il régule la sécrétion de toutes les hormones du corps et supervise le fonctionnement de la plupart des organes internes. On sait aujourd'hui que cette petite structure assure toutes les fonctions de survie : la faim, la soif, la reproduction, l'allaitement et l'agressivité. L'hypothalamus est activé par le thalamus, relais obligé de tous les systèmes des sens avant leur aboutissement au cortex où s'élaborent les perceptions.

Quant à la localisation cérébrale des émotions, il semblerait que, de façon schématique, l'hémisphère gauche soir particulièrement engagé dans le contrôle intentionnel de l'expression des émotions tandis que l'hémisphère droit soit impliqué d'une part dans l'expression végétative et la genèse d'émotions immédiates, directement déclenchées par l'environnement, et d'autre part, dans le traitement perceptif des émotions (notamment dans la reconnaissance des expressions faciales). Il est possible également que les formes les plus primitives d'émotions soient plus fortement représentées dans l'hémisphère droit, alors que les émotions dites "sociales", plus évoluée au plan phylogénétique, telles que la jalousie, la honte ou la fierté, soient principalement représentées dans l'hémisphère gauche.
Grâce aux techniques d'imagerie fonctionnelle, on a pu étudier in vivo les émotions chez le sujet normal. De ces observations, il ressort qu'aucun zone spécifique n'est activée par l'ensemble des tâches émotionnelles, suggérant ainsi qu'aucune région particulière n'est nécessaire à toutes les fonctions émotionnelles.

Les émotions reliées à la peur induisent fréquemment une activation de l'amygdale; mais des stimuli plaisants peuvent aussi induire des modifications du débit sanguin au niveau de l'amygdale; il semblerait que cette dernière ne constitue pas le substrat des émotions uniquement liées à la peur mais jouerait un rôle plus général dans le traitement des informations affectives. Le rôle de l'amygdale serait d'augmenter la vigilance, de déterminer la pertinence et le sens des stimuli auxquels l'organisme est confronté afin d'y répondre adéquatement.
Il semblerait que les fonctions émotionnelles et les fonctions cognitives ne soient pas localisées dans des structures anatomiques clairement distinctes et dont la relation se résumerait à une inhibition des secondes sur les premières. Il semblerait plutôt qu'il existe des interrelations réciproques. On se rend bien compte, par exemple, du rôle de l'émotion dans l'attention, la mémoire et la prise de décision.

De ce chapitre, ce qui est particulièrement important à retenir dans une visée bioanalytique, c'est le rôle de la peur, qui, stimulant l'amygdale, a une influence particulièrement importante sur le fonctionnement cérébral, en particulier le processus de mémoire, comme cela a été vu dans un article précédent.

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