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L'inconscient

17/11/12

L'inconscient concerne des domaines bien différents selon les auteurs. Pourtant, on pourrait schématiquement le définir comme "tous les processus et activités psychiques qui ne sont pas conscientes", ce qui pourrait mettre tout le monde d'accord. La difficulté, manifestement, est de cerner ces activités psychiques.
A lire les différents auteurs (et ma liste n'est pas exhaustive!), le champ recouvert par ce terme d' inconscient est immense.

D'un point de vue cognitif, on sait qu'au moins 90% de nos opérations mentales sont inconscientes, ce qui permet d'agir au quotidien de façon relativement automatique. Si nous étions obligés d'être conscients de nos moindres actions (pour marcher, taper sur un clavier, manger à table, conduire une voiture, etc.) les circuits cérébraux seraient continuellement en surchauffe. De plus, être conscient, cela prend du temps : "Lorsque l'on freine devant un obstacle en voiture, heureusement qu'il ne s'agit pas d'une action consciente. Le temps de prendre la décision consciemment, et on l'aurait heurté!" explique Marc Jeannerod, directeur de l'Institut des Sciences Cognitives jusqu'en 2003.

D'un point de vue psychologique, nous allons voir quelle représentation en ont quelques auteurs.
Freud a décrit l'inconscient comme étant une zone du psychisme qui reste étrangère à la conscience parce qu'une force de refoulement l'empêche de devenir consciente. Cet inconscient contient les désirs inavouables que nous refoulons et les souvenirs oubliés de notre histoire. Nous pourrions le nommer "inconscient personnel".
Il établit en 1900, dans son ouvrage "L'interprétation des rêves", sa première topique. Elle est composée de trois systèmes : l'inconscient, duquel émanent les désirs / fantasmes, et qui contient aussi des idées et des désirs refoulés (empêchés de "remonter" vers la conscience par la force du refoulement); le conscient, qui ne peut pas apercevoir ces idées tant qu'elles demeurent dans l'inconscient; enfin, le préconscient, qui contient les pensées latentes, c'est-à-dire celles qui sont susceptibles de devenir conscientes, celles qui ont pu franchir la censure (ou refoulement) pour accéder à cette "zone" accessible à l'attention de la conscience.
En 1920, Freud a établi une seconde topique, comprenant elle aussi trois structures : le Ça, réservoir des pulsions inconscientes; le Moi, correspondant à notre centre d'adaptation à la réalité (la conscience); enfin, le Surmoi, intériorisation des interdits et des règles parentales, qui fonctionne comme une instance morale sévère exerçant une partie de la censure (ou refoulement) et représente notre moi idéal.

L'inconscient, tel qu'il a été décrit par Jung, contient non seulement l'inconscient personnel décrit par Freud, mais aussi un niveau plus profond, partagé par l'ensemble d'une culture, voire l'ensemble de l'humanité, appelé "inconscient collectif". Ce dernier se manifeste par des images archaïques et universelles (des "archétypes") qui apparaissent dans les rêves, les croyances religieuses, les mythes et les contes.
Pour Jung, l'inconscient est omniprésent et peut représenter un danger : "La conscience individuelle est entourée par les abîmes de l'inconscient comme par une mer menaçante", écrit-il dans "L'homme à la découverte de son âme".

Wilhelm Reich a abordé un autre aspect de l'inconscient, qui se situe dans nos muscles, ceux-ci conservant l'empreinte des souffrances que notre corps a connues à la naissance ainsi que toutes les expériences de conflits, refoulements, frustrations, etc. que nous avons pu rencontrer au cours de notre vie. Il a nommé celui-ci "cuirasse caractérielle".

Un autre inconscient a été exploré par Ferenczi : "l'inconscient biologique". Il s'agit de l'inscription dans les gènes de nos cellules de toutes les transformations qu'a subies l'humanité au cours de son évolution. Il contiendrait des images mnésiques correspondant à l'intégralité du développement de la vie à l'évolution des espèces depuis l'aube des temps. Cette mémoire serait contenue dans l'ADN.


Par cet aperçu de différentes visions, nous pouvons nous rendre compte que l'inconscient est multiple, varié, polymorphe, complexe.
Il s'agit d'un territoire inconnu, dense comme une forêt vierge, immense comme une galaxie inconnue, opulent comme un royaume magnifique... Un territoire qui nous attire, car il se compose d'une part de nous que nous ignorons. Or chaque être humain est attiré par la devise de Socrate "Connais-toi toi-même", devise à laquelle il n'est pas aisé d'obéir. Car c'est bien l'inconscient qui nous empêche de parvenir à cette connaissance totale de nous!

La psychothérapie est loin de nous permettre d'explorer l'infini de ce territoire. Mais elle fait de l'inconscient un allié, en ce sens qu'il s'entrouvre pour que certaines données qu'il possède puisse passer dans la conscience. Ces données sont toujours incroyablement judicieuses, elles arrivent pour soigner là où le psychisme de la personne le nécessite. Il existe décidément en nous un mystérieux "guérisseur intérieur" qui sait intervenir avec une infinie sagesse pour peu qu'on le sollicite...

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