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Abraham Maslow, "Vers une psychologie de l'être"

26/10/12

Ce que je vous propose aujourd'hui n'a rien à voir avec une fiche de lecture. C'est plutôt une réaction personnelle à la lecture d'un livre, et ce livre s'intitule "Vers une psychologie de l'être". Il a été écrit par Abraham Maslow.
Abraham Maslow était un psychologue américain, considéré comme un des pères de la psychologie humaniste. Personnellement, je ne le connaissais, jusqu'à la découverte de ce livre, que par l'étude de "la pyramide des besoins", que j'avais vue lors de mes études d'ergothérapie. Grosso modo, il répertoriait un certain nombre de besoins fondamentaux (besoins du corps, besoin de protection, besoin de sécurité, besoins d'appartenance, besoin d'affection, besoin de réalisation) et les disposait de façon à ce qu'on comprenne bien que l'on ne peut songer à combler certains besoins si les premiers ne sont pas satisfaits. Ça donnait un truc comme ça :
Si je me souviens bien, on nous disait que ce n'était pas la peine de chercher à parler philosophie (besoins tout en haut) avec une personne handicapée si elle était en train de se tordre de douleur à cause d'un escarre au coccyx (besoins non comblés tout en bas). Par contre, si tous les besoins du dessous sont comblés, la personne peut viser à la réalisation d'elle-même.

Dans ce livre "vers une psychologie de l'être", il aborde succinctement la hiérarchie de ces besoins fondamentaux, insistant particulièrement sur le besoin de sécurité, qui est un besoin extrêmement fort, en particulier chez l'enfant. L'enfant peut éviter de s'écouter lui-même pour n'entendre que ses parents tant il peut craindre que, s'il n'est pas d'accord avec ceux-ci, sa sécurité soit remise en question.
Cet ouvrage se résume par l'idée que chez chacun de nous existe une nature intérieure profonde, un "noyau intérieur", dans lequel sont inclus non seulement les besoins fondamentaux instinctifs, mais aussi le caractère, les capacités, les talents, etc. Ce noyau se manifeste sous forme d'inclinations, de tendances naturelles. Il est en quelque sorte notre force, notre nature profonde. Cette force représente un aspect essentiel de la "volonté de santé", de la pulsion à se développer, à se réaliser soi-même. C'est cette force qui rend possible l'éducation et la psychothérapie.
Il faut comprendre que si cette nature intérieure est frustrée, refusée ou supprimée, c'est la maladie qui apparait. Elle peut se révéler de façon manifeste, mais aussi sous des formes plus subtiles et dissimulées. Elle peut être immédiate ou plus tardive. C'est important d'en tenir compte, de se poser la question, lorsque la maladie apparait, si l'on est bien en phase avec son Etre Profond...
Car hélas, il faut bien se rendre compte que ce noyau intérieur peut se laisser facilement dominer, supprimer ou réprimer. Les hommes perdent facilement leurs voix intérieures; ils se laissent très facilement noyer par l'apprentissage, les attitudes culturelles, la désapprobation, etc. C'est là que l'on se rend compte de l'importance de l'éducation : apprendre à l'enfant à écouter sa voix intérieure, car celle-ci lui dira ce qui est bon pour lui. Lui seul "sait" mieux que quiconque ce qui est bon pour lui. Pour que les enfants se développent bien, il est nécessaire que les adultes aient suffisamment confiance en eux et dans les processus naturels de développement et qu'ils n'interviennent pas trop.
Cela ne signifie pas, bien sûr, qu'il faut éviter toute frustration à l'enfant. Etre fort implique une tolérance à la frustration, l'aptitude à percevoir que la réalité physique est indifférente aux désirs humains, et aussi la possibilité de se réjouir des satisfactions des autres. L'éducation doit amener l'enfant à la fois à entendre et à suivre sa voix intérieure, et en même temps à tenir compte de son environnement et des autres.
Quoi qu'il en soit, même si l'éducation de l'enfant ne s'est pas faite en ce sens, il faut savoir que cette nature intérieure ne meurt jamais. Elle persiste, souterraine, inconsciente, malgré sa négation et sa répression. Et elle peut réapparaitre dès que l'on cherche à l'entendre, par exemple lors d'une psychothérapie.
Il pourrait sembler facile de suivre la voie du développement, de la croissance vers la réalisation personnelle, mais ne nous y trompons pas. Le développement, même s'il donne d'un côté des récompense et, des plaisirs, offre de l'autre de nombreuses souffrances intérieures. Il signifie renoncer à ce qui est familier. Il signifie aussi souvent renoncer à une vie plus simple, plus facile et de moindre effort, pour une vie plus exigeante, plus responsable et plus difficile. Le développement exige donc le courage, la volonté, la force chez l'individu, autant que la protection et l'encouragement de la part de l'environnement.
Nous devons aussi être conscients que la réalisation de soi ne signifie pas le dépassement de tous les problèmes humains. Chez les êtres sains aussi, il peut y avoir conflit, anxiété, frustration, tristesse, douleur et culpabilité. Le réel est toujours là, et il peut perturber l'homme sain. Mais l'essentiel est de garder le cap, et de devenir un être autonome : un être régi par ses propres lois plus que par les règles de la société. L'être autonome va chercher en lui-même les valeurs et les règles de vie sur lesquelles il va s'appuyer. Il pourra éventuellement prendre de la distance par rapport aux règles qui ne lui conviennent pas, quelles que puissent être les réactions de son entourage. L'indépendance face à l'opinion d'autrui est caractéristique d'une personnalité saine et bien développée.

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