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Le revécu

12/10/12

Le revécu est l'aspect fondamental de la technique bioanalytique.
Grâce à la relaxation, la personne entre en auto-hypnose et  va se reconnecter au souvenir dont elle a besoin, à ce moment précis. L'auto-hypnose permet de lâcher le fonctionnement cérébral habituel conscient et d'entrer dans un mode sensible, où le corps peut intervenir. Schématiquement, et pour reprendre un concept à la mode, on pourrait dire qu'on "lâche prise" et que l'on fait confiance à ce que le corps peut nous apporter.
Nous reprenons contact avec le souvenir d'un événement ancien, et aussi aux émotions liées à celui-ci. L'oubli peut concerner le souvenir en lui-même, ou bien l'ambiance émotionnelle de celui-ci. Lors de la "transe auto-hypnotique", on se reconnecte complètement aux émotions d'alors, que le souvenir soit traumatique ou non. Il peut s'agir de moments de joie ou de plaisir, ou de tristesse extrême, de colère, de honte. Ce qui est absolument certain, c'est que ce qui se présente à ce moment précis de la thérapie est ce dont la personne a précisément besoin à ce moment-là. Chacun de nous a en lui un "guérisseur intérieur"; il s'agit de lui faire confiance et de laisser agir sa propre intelligence thérapeutique.
La personne se reconnecte donc au souvenir opportun au moment opportun.  Si le souvenir est traumatique et a été engrangé dans l'inconscient, le travail qui va s'opérer à ce moment-là va consister à revivre ce souvenir, avec les émotions qui l'accompagnaient, tout en ayant conscience que l'on est dans un milieu protégé, avec une personne bienveillante près de nous. Ces circonstances protectrices permettent que le souvenir soit retraité et redevienne accessible à la conscience. A la sortie de la "transe", la discussion avec le thérapeute va permettre que se fixent le souvenir, les émotions correspondantes, et la compréhension de ce que tout cela a impliqué dans la vie ultérieure du patient.
Le revécu permet que l'événement traumatique prenne sa place dans l'histoire de la personne, déchargé de sa charge pathogène.

J'aimerais citer ici Geneviève François de Jouvenel qui, dans son ouvrage "Sàndor Ferenczi un psychanalyste humaniste", décrit parfaitement l'effet thérapeutique de la méthode :
"On peut dire que le processus de réparation, lors du revécu, se fait à trois niveaux :
1 - au niveau neuronal, il s'opère une réorganisation des connexions grâce à la capacité plastique du cerveau qui se révèle être un organe d'une grande adaptabilité, pour peu qu'on le sollicite
2 - au niveau énergétique, l'aspect psychocorporel de la thérapie produit une sorte d'autolyse des stases énergétiques contenues dans les muscles et dans les organes
3 - enfin, au niveau analytique, "la bonté et l'énergie de l'analyste permettent d'éviter l'explosion lors du contact entre le monde des sentiments et celui de la pensée", et d'autre part crée une réparation du narcissisme primaire qui restaure le sujet dans l'estime de lui-même."
(la citation à propos de la bonté de l'analyste est de Ferenczi dans son "Jounal Clinique - Trauma et clivage de la personnalité".
C'est ainsi que l'on peut dire que le revécu a un effet réparateur.

Comme écrit ci-dessus, au-delà des traumatismes passés, la personne peut se reconnecter à des moments de sa vie qui lui semblent doux, heureux, voire même neutres. Dans tous les cas, ce qui se passe, c'est une reconnection totale aux émotions d'alors. Retoucher aux sensations de joie lors d'un jeu, d'amour envers un proche, de plaisir dans une activité oubliée, va l'aider à se retrouver, lui. Son "inconscient guérisseur" lui offre le revécu de ce moment-là pour éclairer sa conscience. Souvent en effet, le patient, ayant oublié ces émotions enfantines, juge sévèrement l'enfant qu'il a pu être - donc lui-même. Ce jugement intransigeant l'empêche de s'accepter et de laisser s'épanouir sa vraie personnalité.
Se reconnecter aux émotions de l'enfance, quelles qu'elles soient, permet que se développe une certaine tendresse pour cet enfant qu'il était, tendresse sur laquelle s'appuie la réconciliation avec son "enfant intérieur" qui est une étape indispensable pour la guérison.

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